Venise sérénissime




Le Vaporetto blogue, voyage, Venise
Tableau nocturne des eaux de Venise
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Venise, ville archipel
Venise n’est comparable à rien ; Venise c’est Venise, c’est tout. Une extraordinaire réalisation humaine, une ville construite sur l’eau, une utopie faite pierre, fruit de l’imagination et des mains qui l’ont érigée au fil des siècles. Cité-Etat, Sérénissime.
Ville archipel où marchands, voyageurs, artistes, artisans, puissants et pêcheurs,  habitants et gens de passage circulent en permanence depuis des siècles, sur l’eau et sur terre, d’île à île, de quai à quai et Venise d’ailleurs a sa langue propre pour nommer ses voies de circulation qui divisent si l’on peut dire ses « six quartiers », ses « sestieri ». Une longue liste poétique vient accompagner la déambulation dans Venise : « canal », « calle », « ruga », « salizada », « rio », « fondamenta », « riva », « sottoportegio », « lista », « piscina », « campo »…
Et chaque voie raconte une histoire, comme la « Ruga Giuffa » dont le nom dérivé de la ville arménienne de Julfa nous entrouvre la porte du récit de la présence arménienne à Venise.


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Couleurs de gondoles
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La quintessence de la ville
C’est la troisième fois que je séjourne à Venise, mais cette fois-ci, plus disponible et moins pressée, je la vois avec d’autres yeux ; mes voyages aux antipodes, très loin de notre Europe, ont aussi changé mon regard car j’ai vu ce qu’est une « ville » en Autralie par exemple (ou un « CBD » comme ils disent, « Central Business District », c’est-à-dire « centre d’affaires »)… c’est une autre réalité (notre langue est ici limitée et il est bizarre de désigner par le même terme de « ville », des espaces aussi différents que Perth, Western Australia et Venise).
Venise est la quintessence de la ville au sens européen du terme, une condensation inégalée de patrimoine historique (matériel et immatériel), de synchrétisme culturel, de beauté architecturale et artistique, de commerces, de lieux de pouvoir (politique et religieux) mais aussi de flânerie, d’égarement, de transmission et avant tout de symboles lisibles ou hermétiques. A commencer par le lion ailé de Saint Marc, protecteur de la cité,  qui figure sur le drapeau rouge et or de Venise et qui domine également, sous forme de statue, la place Saint-Marc et donc l’entrée monumentale de la ville, au sommet d’une des deux immenses colonnes de granite gris ramenée de comme butin de Constantinople et érigées sur la place au XIIème. L’origine de cette statue reste d’ailleurs obscure, chinoise pour certains, sassanide pour d’autres, ou encore étrusque… le mystère accroît la puissance magique du symbole. Quant à la deuxième colonne, elle est surmontée d’une statue de l’autre saint protecteur de la ville, Théodore.

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Venise monumentale 
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Textures et matières
Source d’inspiration infinie, Venise peut être vue par des prismes si divers… On pourrait l’écrire en se laissant inspirer par les matières et les textures dont elle est faite : marbres polis et multicolores des palais et des églises, mosaïques et marbres usés des sols de la cathérale Saint-Marc, tentures de velours de la fabrique Fortuny, tissus soyeux des costumes, perles régulières et irrégulières, verre soufflé de Murano, pavés foulés, briques de l’Arsenal, bois laqué des gondoles… et le mouvement permanent de l’eau moirée  et soyeuse qui prend les couleurs du temps  tel le tissu de la robe magique de Peau d’âne.


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Teselles dorées de Saint-Marc 
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Ombres et lumières

Les ombres et les lumières dessinent aussi une Venise toute particulière grâce, encore, à cette présence de l’eau et des ses reflets, mais aussi grâce aux contrastes saisissants entre les ruelles sombres et les places ouvertes sur le ciel, les intérieurs confinés des églises et les perspectives dégagées le long du Grand Canal, la blancheur solaire de certaines façades – on pense à l’éclatante façade palladienne de San Giorgio Maggiore – et la fraîcheur ombrée des places ou encore les émaux dorés, noirs, bleus, violets ou argentés des tesselles des mosaïques byzantines. Quand faiblit la lumière naturelle, que la brume se lève sur Venise ou que jour s’éteint, alors les lumières des bougies, des lustres grandioses de Murano, des lanternes de verre, des lampadaires élégants prennent le relais et donnent un autre visage à la ville. Certaines choses se cachent et d’autres apparaissent… comme dans un carnaval étonnant.

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Fine del giorno, Giudecca 2017©levaporettoblogue.blogspot.com 
Pour s’informer sur le lexique des voies vénitiennes : http://www.e-venise.com/lexique-glossaire-lieux-c-venise.htm